19 novembre 2018
Le Star Avranches
Sami, une jeunesse en Laponie
Amanda Kernell
Note d’intention de la cinéaste
Le contexte du film
Changer d’identité
Amanda Kernell
Vers la résolution du conflit
Pour le spectateur, le conflit d’identité qu’incarne Elle Marja-Christina est assez évident et l’on peut se demander comment le personnage en vient à désirer rejoindre le camp de l’oppresseur. La jeune fille semble ne pas percevoir le paradoxe qui consiste à souffrir du dénigrement, de la stigmatisation, de la violence des Suédois et, en même temps, désirer être comme eux, vouloir faire partie de leur communauté, contre la sienne. Devenue vieille, elle rejette toujours en bloc ses origines : elle rechigne à accompagner son fils, ne veut pas entendre de joik (chant traditionnel sami) fait mine de ne pas comprendre le Sami et refuse d’être hébergée, ne serait-ce que pour une nuit, dans sa famille. Elle préfère aller à l’hôtel où séjournent des touristes.
Là, elle échange quelques mots avec certains d’entre eux, qui se plaignent du bruit que font les éleveurs de rennes avec leurs motos et qui doutent même qu’ils aient le droit de polluer la réserve naturelle.
Se trouver sur sa terre d’origine et être une fois de plus confrontée au discours dénigrant des Suédois vis-à-vis des Samis fait resurgir le passé et agit enfin comme un révélateur de ce conflit d’identité. Elle ment sur ses origines (elle prétend venir d’une autre région), elle abonde même dans le sens de ces touristes méprisants et ce mensonge vis-a-vis des autres lui apparaît enfin comme un mensonge à elle-même… et elle pleure. C’est une image émouvante que de voir cette vieille femme remettre ses pas dans ceux qu’elle faisait enfant pour atteindre le sommet et regarder ce paysage. Revoir enfin sa terre, entendre le troupeau, avancer dans le campement où gisent désormais des motos et des quads.
Dans le cadre du Festival “La Tête ailleurs” en Scandinavie