14 mai 2019
Le Star Avranches
La passion van gogh
Dorota KOBIELA et Hugh WELCHMAN (Grande-Bretagne, Pologne)
Synopsis
Paris, été 1891, Armand Roulin est chargé par son père, le facteur Joseph Roulin, de remettre en mains propres une lettre au frère de Vincent van Gogh, Theo. En effet, la nouvelle du suicide du peintre vient de tomber. Armand, peu enchanté par l’amitié entre son père et l’artiste, n’est pas franchement ravi par sa mission. À Paris, le frère de Van Gogh est introuvable. Le jeune homme apprend alors par Père Tanguy, le marchand de couleurs du peintre, que Theo, visiblement anéanti par la disparition de son frère aîné, ne lui a survécu que quelques mois. Comprenant qu’il a sans doute mal jugé Vincent, Armand se rend à Auvers-sur-Oise, où le peintre a passé ses derniers mois, pour essayer de comprendre son geste désespéré. En interrogeant ceux qui ont connu l’artiste, il découvre combien sa vie a été surprenante et passionnée. Et que sa vie conserve une grande part de mystère.
n projet ambitieux
La Passion Van Gogh est le premier long métrage entièrement peint à la main. Ecrit et réalisé par Dorota Kobiela et Hugh Welchman, il est produit par BreakThru Films (Pologne) et Trademark Films (Royaume-Uni). Chacun des 62 450 plans du film est une huile peinte à la main par 90 artistes professionnels venus du monde entier pour participer à ce projet aux studios Loving Vincent, situés en Pologne et en Grèce.
Un court métrage à l’origine…
Le film La Passion Van Gogh est né à un moment où Dorota Kobiela était en pleine crise existentielle. Elle raconte : « Je travaillais dans l’animation mais la peinture, que j’avais étudiée pendant huit ans, me manquait cruellement, et je venais de suivre une formation de réalisation dans une école de cinéma. J’ai eu le sentiment qu’il fallait que j’allie ces différentes passions et que je donne un sens à ma vie. J’avais besoin de trouver ma propre voie. Je me suis mise à chercher des sujets de courts métrages et une idée s’est imposée à moi : il fallait que je réunisse mon désir de peindre et ma passion pour le cinéma et que je réalise un film de « peinture animée ». A l’époque, j’étais profondément marquée par les lettres de Vincent Van Gogh adressées à son frère Theo : ce sont elles qui ont été le premier déclencheur du projet ; le second a été la découverte de ses toiles. Je me suis rendu compte qu’il avait abordé de nombreux thèmes différents qui pouvaient facilement donner lieu à un récit. Dans ses tableaux, on voit où il a vécu, qui étaient ses interlocuteurs, où il passait son temps. J’ai décidé de consacrer un court métrage à ses derniers jours – jusqu’à ce moment fatidique où il s’est tué. C’était il y a huit ans et à l’époque, je n’imaginais même pas que mon court métrage puisse prendre l’ampleur qu’il a aujourd’hui. »
Procédé
La Passion Van Gogh a d’abord été tourné comme un film en prises de vue réelles avec des acteurs en chair et en os, puis chaque plan a été peint à l’huile. Le résultat final est un mélange entre le jeu des comédiens et le travail des peintres-animateurs. Le film est interprété par de célèbres acteurs qui ont joué dans des décors spécialement construits pour évoquer des toiles du peintre ou sur des fonds verts. Dans ce dernier cas, des tableaux de Van Gogh y ont ensuite été incrustés par compositing, puis animés en infographie. Le tournage en prises de vues réelles s’est déroulé aux Three Mills Studios de Londres et au studio CETA de Wroclaw. Les images ainsi tournées ont ensuite servi de base de travail aux peintres animateurs.
Réinventer l’oeuvre picturale de Van Gogh
En amont du tournage, l’équipe de peintres-animateurs a consacré une année à réinventer l’oeuvre picturale de Van Gogh sous une forme cinématographique. On retrouve ainsi dans le film 94 toiles du maître presque à l’identique et 31 autres reproduites en grande partie ou partiellement. Les tableaux de Van Gogh sont de tailles et de formats divers, si bien que les peintres-animateurs ont dû trouver le moyen de les adapter au cadre imposé par le cinéma. Il a donc fallu tricher avec le gabarit des tableaux tout en conservant l’atmosphère et l’émotion qui s’en dégagent.
Quelques chiffres
377 tableaux ont été peints pendant la phase de préparation et les 1009 prises de vues du film se composent de 62 450 plans. Au total, les 1009 prises de vues du film se composent de 62 450 plans. Autrement dit, on découvrira 1009 « tableaux » constitués du dernier plan de chaque prise de vue.
Recrutement des peintres
A l’origine, 71 peintres ont travaillé sur le film mais l’équipe s’est enrichie presque quotidiennement faisant passer le nombre de peintres à 91. Leur recrutement s’est effectué en trois étapes : évaluation de leur portfolio, essais de peinture-animation pendant trois jours et 18 jours d’initiation intensive au style pictural de Van Gogh et à la peinture-animation.
Clint Mansell à la BO
Il n’y a pas que le casting vocal du film qui soit connu, puisqu’à la bande-originale on retrouve un certain Clint Mansell, qui s’est fait connaître grâce à son mémorable travail sur Requiem for a Dream en 2001.
Pierre Niney prête sa voix à Armand Roulin
C’est la deuxième fois que Pierre Niney prête sa voix à un film d’animation. Le comédien raconte : « Il y a quelque chose d’assez apaisant quand on vient du cinéma : on est délesté de beaucoup de contraintes, on est dans le jeu pur et on épouse le regard du personnage qu’il faut suivre. En l’occurrence, c’était très particulier puisqu’il s’agit d’un film entièrement peint à la manière de Van Gogh. Autant dire qu’il y avait quelque chose d’unique dans les expressions du personnage : j’étais très heureux de venir chaque jour retrouver Armand et essayer de le comprendre, comme on tente de comprendre un tableau dans un musée qui nous interpelle. »
Le choix de la peinture animée
Dorota Kobiela et Hugh Welchman ont opté pour le choix de la peinture animée parce qu’il s’agit selon eux du meilleur moyen de raconter l’histoire de Vincent Van Gogh. La première développe : « Il y a eu pas mal de films qui lui ont été consacrés, mais à chaque fois que ses toiles étaient à l’image, elles étaient purement décoratives. Dans notre film, son oeuvre est le vrai protagoniste – ses tableaux racontent son histoire – ce qui renvoie à sa dernière lettre adressée à son frère : «On ne peut s’exprimer que par nos tableaux». Nous avons peint chaque plan du film à la peinture à l’huile appliquée sur une toile, en cherchant à être aussi proche que possible de sa technique et de son style. »
Vincent van Gogh au cinéma
Plusieurs films se sont déjà penchés sur le célèbre peintre. Parmi eux, nous pouvons compter La Vie passionnée de Vincent van Gogh (1956) de Vincente Minnelli, avec Kirk Douglas ; Vincent et Théo (1990) de Robert Altman, avec Tim Roth ; Vincent et moi (id.) de Michael Rubbo, avec Tchéky Karyo ; Van Gogh (1991) de Maurice Pialat, avec Jacques Dutronc ; Moi, Van Gogh (2009) de François Bertrand avec la voix de Jacques Gamblin ou encore le téléfilm Van Gogh: Painted with Word (2010) d’Andrew Hutton, avec Benedict Cumberbatch.